Si on est ouvert sur le choix des escales d’une croisière ou s’il s’agit d’une boucle, on a la possibilité d’aller vers le vent ou de se laisser pousser tranquillement.
Plusieurs équipages que j’ai accueillis s’accordaient sur le même constat : on ne fait que du près sur un bateau, c’est sympa la gite et les virements de bord mais on veut voir autre chose. Je comprends qu’une planche à voile enchaine les bords de travers pour kiffer, en croiseur on peut kiffer aussi bien au près qu’au largue. J’ai donc pris l’habitude de privilégier les départs au largue. Attention sur une sortie à la journée, il vaut mieux remonter au vent d’abord puis descendre par la suite, sinon le retour risque d’être très long. Sur une croisière d’une semaine l’orientation du vent va évoluer et vous permettre de naviguer parfois majoritairement à la même allure. Seules des spécificités localisées influeront réellement sur votre choix de route. Par exemple, le ras de Sein se passe plus facilement avec le courant et le vent. Sinon ça brasse et on en *$h!€#.
Sur un long bord (plusieurs heures), il faut prendre en compte les variations du vent, la dérive vent et la bascule du courant pour optimiser sa navigation. Rassurez-vous, ce n’est pas un savant calcul de vecteurs que je vous propose, mais plutôt d’intégrer les raisonnements suivant dans votre nav’ :
Le vent va adonner sur le parcours prévu, on en profite et on le suit en gardant l’allure qui nous permettra de compenser la dérive vent.
Le vent va refuser petit à petit sur le parcours.
Exemple : je fais route plein ouest, au près bâbord amure. La météo annonce que le vent va passer de Sud-ouest à Nord-Ouest dans la journée (passage d’une dépression « classique » en Bretagne). Sur quelle amure continuer lorsque le vent refuse? Je reste bâbord amure et j’abats ou je vire tribord et je loffe au fur et à mesure pour récupérer la perte au vent ? Tout dépend de la vitesse de passage de la dépression. Si je ne suis pas sûr qu’à la fin de mon parcours le vent sera vraiment Nord-Ouest mais plus Ouest-Nord-Ouest, je reste bâbord amure pour éviter d’avoir à finir sur un enchainement de virement de bord.
La dérive vent dépend de la profondeur et du profil de la quille, du réglage et de l’allure. Si vous ne connaissez pas le voilier que vous skippez, gardez juste en tête que vous allez perdre quelques degrés « poussé par le vent ».
Le courant est indiqué grossièrement sur les cartes (losange magenta). Si ma vitesse est de 5 nœud et que le courant latéral est d’un nœud, il me pousse de 11° de ma trajectoire. Si le courant était d’un demi nœud : 6°. Vous allez me dire, sur 360° ce n’est pas beaucoup, mais s’il vient se rajouter à la dérive vent, la dérive globale n’est plus négligeable. Si je reprends l’exemple au-dessus avec un courant qui nous pousse vers le nord, je pars sur un changement d’amure pour être tribord. Le courant nous aide en quelque sorte à rejoindre notre destination.